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Portrait d'alumni : Joël Meyer, ambassadeur de France à Sofia

Parcours d'alumni

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28/10/2024

     Joël Meyer, ancien élève de l’Inalco et ambassadeur de France en Bulgarie, partage ses expériences diplomatiques 


       Dans le cadre de l'engagement de l'Association des Anciens Élèves et Amis des Langues'O à renforcer les liens entre ses membres, l'AAEALO a récemment organisé un voyage à Sofia que vous pouvez retrouver sous ce lien.

Ce séjour a été l'occasion d'une rencontre enrichissante avec l'ambassadeur de France, ancien élève de notre institution. Lors de cette interview, il a partagé ses réflexions sur son parcours académique, son expérience au ministère des Affaires étrangères, ainsi que l'importance des échanges culturels dans le cadre de son rôle diplomatique.

Cette rencontre a été orchestrée par Léa Savarieau, présidente de l’Association des Anciens Élèves et Amis des Langues'O.



Pouvez-vous nous parler de votre parcours à l'Inalco et comment cela a influencé votre carrière diplomatique ?

       D’abord merci de notre rencontre et de votre dynamisme pour promouvoir les atouts de l’Inalco. 

Quant à mon parcours, j’ai suivi un double cursus, à la fois ouvert sur le monde balkano-méditerranéen – via le grec moderne –, et sur le monde indien – via le hindi et le tamoul. Au départ, je me suis inscrit aux langues O sans envisager de débouché professionnel précis. Mais cela a été une fantastique découverte intellectuelle. Après quatre ans d’études, c’est grâce au hindi ensuite que ma candidature a été acceptée pour effectuer un « volontariat du service national actif » (VSNA) comme professeur pendant deux années à l’Alliance française de New-Delhi. Une expérience enrichissante qui m ’a amené à m’intéresser et à côtoyer aussi les différentes facettes de l’action de l’Etat français à l’étranger. 

De retour à Paris, j’ai poursuivi mes études, toujours aux langues O, dans l’optique cette fois de passer le « concours Orient » du ministère des affaires étrangères. Mon bagage linguistique m’a conduit à m’occuper tout d’abord du sous contient indien, ensuite de servir en Grèce, à Chypre, puis de suivre la région méditerranéenne de retour à l’administration centrale. Avant de repartir pour une longue parenthèse africaine et enfin retrouver l’Europe du sud-est en prenant mes actuelles fonctions à Sofia. 



Quelles compétences acquises durant vos études à l'Inalco considérez-vous comme les plus utiles dans votre rôle actuel d'Ambassadeur ?

       L’Inalco est un véritable foyer de diversité, avec des étudiants et apprenants de tous horizons socio-économiques et de tous pays. Je peux dire que mon éveil sur le monde a réellement commencé à l’Inalco, et ma curiosité intellectuelle également.  Ensuite, j’y ai acquis de la rigueur et de la méthode, et de la … persévérance. Chercher à maîtriser au mieux une langue, y compris dans ses mécanismes historiques et dans sa dimension littéraire, est très exigeant. Cela vous « forme ».   

C’est l’occasion de rendre hommage à mes enseignants, tant en hindi, et tamoul que grec. Toutes et tous ont été de remarquables « passeurs ». C’est une qualité qui n’est pas forcément courante. Sincèrement, je suis reconnaissant à chacune et chacun. Mais je voudrais mentionner particulièrement deux d’entre eux, en hindi, monsieur Joshi et madame Joshi. Lorsque nous étions quelques-uns à préparer le concours du ministère, ils ont été encore plus tenaces que nous ! On dirait aujourd’hui qu’ils étaient des « coach personnels », avec l’objectif que nous réussissions.  Nous sommes plusieurs indianistes au ministère à avoir une dette envers eux. 

 


Comment votre formation linguistique et interculturelle à l'Inalco vous a-t-elle préparé à travailler dans un pays comme la Bulgarie ?

       L’un des atouts de l’enseignement à l’Inalco est l’interdisciplinarité. Que ce soit sur le plan de la civilisation bien sûr mais aussi de la linguistique, cet enseignement ne se fait pas en silo. Les cours que j’ai suivis par exemple en grec moderne ont toujours remis en perspective cette langue dans son environnement régional, avec les influences culturelles mutuelles et l’histoire commune avec les pays voisins. Une culture ne se cloisonne pas et c’est toute l’histoire des Balkans que j’ai apprise grâce à l’étude du grec. Je profite aujourd’hui de cet enseignement reçu. Bien sûr en l’approfondissant maintenant, car la Bulgarie est elle-même un creuset de la culture bulgare, slave et méditerranéenne.  

 


En tant qu'ancien élève de l'Inalco, quelles sont vos réflexions sur l'importance de l'éducation interculturelle dans le domaine de la diplomatie ?

       L’interculturalité est un sujet fondamental, pas seulement pour la diplomatie, mais aussi pour le monde des affaires et la politique par exemple. Même entre pays membres de l’Union européenne d’ailleurs ! J’étais consul général de France à Milan et j’ai pu juger combien, entre pays si proches Italie et France, la compréhension mutuelle – et le succès de notre partenariat notamment économique - reposaient sur la connaissance et le respect de nos cultures respectives. 

 


Pourriez-vous partager une expérience marquante de votre temps à l'Inalco qui vous a particulièrement marqué et qui a influencé votre vision de la diplomatie ?

       Les témoignages de nombreux conférenciers invités à l’Inalco et de nos enseignants en civilisations. J’ai compris à la fois l’interdépendance des Etats – même pour ceux qui se veulent les plus protectionnistes ou auto-suffisants – et l’importance des mobilités humaines. En substance, les rapports officiels connaissent des aléas. Mais pas les rapports humains qui se développent toujours. 

 


En quoi le réseau d'anciens élèves de l'Inalco a-t-il joué un rôle dans votre parcours professionnel ?

       J’avoue qu’à l’époque je connaissais peu le réseau. Mais je considère qu’aujourd’hui c’est une chance que des étudiants de l’Inalco puissent bénéficier de témoignages, voire de conseils, de leurs prédécesseurs. Notamment parce que les débouchés professionnels sont désormais très diversifiés.



Pouvez-vous présenter brièvement votre fonction en tant qu'Ambassadeur de France à Sofia et les qualités essentielles requises pour réussir dans ce rôle ?

       Avant, les ambassades défendaient presque stricto sensu les intérêts nationaux. Aujourd’hui, leur rôle est de trouver des intérêts communs avec leurs pays de résidence, et de les promouvoir ensemble, en particulier sur la scène européenne. Quant aux qualités, elles s’appliquent à de nombreuses professions et je dirais qu’elles sont naturellement humaines : écouter, comprendre, dialoguer. Ce qui ne veut pas dire – et bien sûr cela n’est pas le cas en Bulgarie et dans les pays de l’Union européenne-, faire des concessions inacceptables. Il faut parfois, dans certains pays, défendre de manière énergique nos valeurs européennes qui sont universelles.

 


Comment décririez-vous les relations franco-bulgares aujourd'hui et quelles initiatives envisagez-vous pour les renforcer ?

       J’ai eu la chance en 2007, de contribuer à un accord bilatéral fondamental qui est la déclaration de « partenariat stratégique » entre la Bulgarie et la France. Il s’agissait principalement, en fonction bien sûr des demandes des autorités bulgares, de travailler ensemble au renforcement de l’Union européenne au moment où la Bulgarie rejoignait l’UE et y apportait sa contribution nationale. 

Aujourd’hui, nous allons actualiser ce partenariat face aux nouveaux enjeux mondiaux : les défis géopolitiques, climatiques et énergétiques – je dois à cet égard souligner que c’est en partie grâce à notre action commune bulgare et française que l’énergie nucléaire civile est aujourd’hui reconnue au niveau européen comme un levier indispensable pour l’indépendance économique et pour parvenir à la neutralité carbone en 2050. D’une manière générale, Bulgares et Français, lors que nous conjuguons nos talents, nous parvenons à des résultats remarquables. Nous allons encourager le développement de véritables partenariats industriels et innovants, comme cela est déjà le cas par exemple dans le secteur de l’aéronautique. Cela passe aussi par le développement de la coopération, scientifique pour pouvoir préparer l’avenir ensemble.  

Enfin, n’oublions pas que la Bulgarie est membre – et actif - de l’Organisation internationale de la Francophonie. Sofia promeut la diversité linguistique. La langue française est parlée par 350 millions de locuteurs dans le monde, et nous travaillons ensemble pour que cette diversité soit une chance sur le plan culturel mais aussi qu’elle offre des opportunités sur les plans économique et commercial. 

 


Quelles sont les plus grands défis auxquels vous faites face dans votre travail en Bulgarie ?

       Sincèrement … le temps qui passe et manque ! 

 


Enfin, quel conseil donneriez-vous aux étudiants de l'Inalco qui aspirent à une carrière dans la diplomatie ou les affaires internationales ?

       Profiter de toutes les occasions de mobilité (bourses françaises et étrangères, VIE, volontaires internationaux), une mobilité qui est indispensable, et ce parallèlement à l’excellence de l’enseignement de l’Inalco.  


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