Disparition de Zhitang Yang-Drocourt, professeure de langue chinoise (1988-2017) à l'Inalco
C’est avec une profonde tristesse que nous avons appris le décès de Mme Zhitang Yang-Drocourt (1951-2023), survenu mercredi 28 juin.
Zhitang Yang-Drocourt était née le 3 octobre 1951 à Pékin. Elle y avait étudié, à l’université de Pékin (Beida) la langue et la littérature françaises, études qu’elle poursuivit en France dans le cadre d’une maîtrise préparée à l’EHESS sous la direction de Gérard Genette, avant de se tourner vers la linguistique chinoise : DEA sur Les constructions comparatives en chinois vernaculaire du XIVe siècle (EHESS, 1986), puis doctorat nouveau régime sur l’Évolution syntaxique du classificateur en chinois, du XIVe siècle av. J.-C. au XVIIe siècle (EHESS, 1993). Son mémoire d’HDR, soutenu en 2008 à l’ENS de Lyon, avait pour titre Syntagme, mot, morphème et caractère, questions de langue et de linguistique chinoises.
Répétitrice, puis maître de langue à l’Inalco entre 1988 et 1994, elle devint ensuite maître de conférence, puis, en 2013, professeur des universités. Elle était professeur émérite depuis 2017. Pendant plus de trente ans, Mme Drocourt aura servi l’établissement avec fidélité, enthousiasme et dévouement.
Passionnée par l’enseignement de la langue chinoise et animée par le sens du collectif, Zhitang Drocourt avait consacré une part importante de son temps à ses tâches pédagogiques. C’est ainsi qu’elle s’était pleinement engagée dans l’élaboration de la Méthode de chinois de l’Asiathèque, conçue à l’Inalco : après avoir apporté son concours à la rédaction du premier volume, elle fut l’un des principaux maîtres d’œuvre de la méthode de « deuxième niveau », qui a ainsi bénéficié, entre autres, de ses remarquables compétences en lexicologie. Elle savait décrire les mécanismes de la langue chinoise dans un style précis, clair et élégant. Pendant longtemps, elle coordonna l’enseignement de la langue dans le département d’études chinoises. Proche de ses étudiants et de ses collègues, elle se préoccupait également de la formation des nouvelles recrues, qu’elle assistait dans leur découverte du métier. C’était une collègue agréable et appréciée de tous.
Zhitang était aussi un membre actif du CRLAO (Centre de recherches linguistiques sur l’Asie orientale). Spécialiste des usages contemporains de l'écriture chinoise et de la grammaire du mandarin, elle dirigeait des doctorants et poursuivait ses propres recherches au sein de l'équipe « Syntaxe et sémantique formelles des langues contemporaines d’Asie orientale : chinois, coréen, japonais et vietnamien » et plus précisément de l'axe « Analyse du chinois ». On lui doit une vingtaine d’articles portant sur les expressions quantitatives, l’écriture chinoise, la réduplication en chinois contemporain et surtout la lexicologie chinoise, domaine de la linguistique dans lequel elle était, selon le témoignage de ses collègues du CRLAO, le chercheur le plus compétent.
Elle avait publié à l’Asiathèque un Parlons chinois qui, loin d’être un simple manuel pratique d’enseignement de la langue, constituait une somme sur l’histoire et les caractéristiques de la langue chinoise. Au cours de ses années d’éméritat, interrompues trop tôt, elle aura eu la satisfaction de mener à bien un autre ouvrage sur un sujet qui lui tenait à cœur : L'écriture chinoise. Au-delà du mythe idéographique (Armand Colin, 2022). Le temps lui aura manqué en revanche pour achever la grammaire du chinois moderne standard qu’elle avait en projet.
Le département d’études chinoises et l’Inalco tout entier s’associent à la douleur de ses proches et saluent avec émotion la mémoire de celle qui fut, pendant de longues années, un des piliers de l’enseignement du chinois dans notre établissement.
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