Portrait d'alumni : Tiphaine Henry, directrice de l’école française internationale de Kiev
Tiphaine Henry est diplômée de l’Inalco (russe 1994). Elle est aujourd'hui directrice de l’école française internationale de Kiev.
Retour sur son parcours de sa sortie de l'institut à sa vie en Ukraine post-soviétique :
Votre parcours après l'Inalco ?
Au cours de ma 5e année de Russe, en 1993 (préparation d’une Maîtrise), je suis partie en Ukraine, juste après la chute de l’URSS, pour y trouver l’inspiration nécessaire à la rédaction de mon mémoire (Gérard Abensour, qui exerçait à l’Inalco m’a vivement encouragée à y aller). Le pays m’a tout de suite plu et j’ai su que je n’en repartirai probablement pas. J'ai créé la Petite Ecole française de Kiev en 1994. Il s’agissait de la première école française dans la capitale, alors même qu’il n’y avait pas encore d’école américaine ! Elle accueillait les enfants d’ambassadeurs, les enfants des premières familles expatriées pour le travail puis a accueilli peu à peu des enfants issus de familles « mixtes » (franco-ukrainiens etc).
J’ai finalement soutenu mon mémoire à l’Inalco, ai obtenu ma maîtrise avec mention et suis retournée aussitôt à Kiev. Je me dirigeais maintenant vers d’autres études complémentaires : j’ai donc démarré des études d’économie et de management dans une université de Kiev, ensuite j’ai passé le concours de professeur des écoles (éducation nationale française). Après l’obtention du concours, j’ai été détachée par le Ministère des Affaires étrangères comme professeure et directrice à Kiev. J’ai ensuite suivi des études en université ukrainienne et suis devenue directrice d’école primaire et secondaire dans le pays. J’ai toujours aimé étudié - et j’étudie encore aujourd’hui (je suis actuellement des études renforcées d’anglais).
A la fin de mon détachement en 2005, je n’ai pas souhaité quitter l’Ukraine car j’y avais fondé ma famille et mes enfants étaient très petits. J’ai donc « laissé » au Ministère la gestion de mon école, qui est devenue aujourd’hui le lycée français Anne de Kiev, et j’ai développé un nouveau projet qui me tenait à cœur : une école bilingue (aujourd’hui trilingue même !) qui accueille des élèves majoritairement ukrainiens. L’école française internationale de Kiev a ouvert ses portes en septembre 2005.
Que faites-vous aujourd'hui ?
Je dirige toujours cette école, l’école française internationale de Kiev, j’y enseigne quelques heures par semaine et je m’occupe de son développement, je forme des enseignants et je développe la langue et la culture française en Ukraine.
Les enseignements sont dispensés en ukrainien, en français et en anglais. Nous avons obtenu le « LabelFranceÉducation » attribué par le MEAE aux structures qui promeuvent la langue du pays tout en favorisant l’apprentissage du français. Aujourd’hui, nous accueillons 270 élèves de la crèche à la Terminale.
Quels ont été les éléments facilitateurs dans votre parcours ?
Je dirais que je suis arrivée au bon moment en Ukraine pour développer mon activité. J’ai eu de la chance mais j’ai aussi beaucoup travaillé pour en arriver là. Et je ne travaille pas seule, le secret c’est aussi de savoir s’entourer d’une bonne équipe ; sans eux, je n’en serais pas là aujourd’hui.
Quel a été l'apport de l'Inalco ?
Intégrer l’Inalco a été un choix très juste. Je voulais non seulement étudier le russe pour le comprendre et le parler, l’écrire parfaitement, mais aussi comprendre mieux une culture différente de la mienne, maîtriser l’histoire et la civilisation de ce grand pays à l’époque, étudier sa géographie et toutes les spécificités de l’URSS à la fin des années 90. Les professeurs étaient très exigents et très compétents. Ils savaient transmettre la passion, et je les en remercie ! (J’ai en mémoire monsieur Radvanyi, monsieur Guéra, madame Bonnot, madame André...). Durant ces 5 années d’études à l’Inalco, j’ai dû beaucoup travailler, les exigences étaient très poussées, les professeurs étaient natifs pour la plupart, ils m’ont appris à travailler avec ardeur, avec justesse, aller au fond des choses, à donner du sens au travail réalisé. C’est grâce à l’Inalco que je suis en Ukraine, que je développe des projets éducatifs passionnants. Quand j’ai su que je partirai en Ukraine, j’ai même étudié l’ukrainien quelques mois à l’Inalco.
En fait, ma force dans ce pays est d’avoir toujours pu communiquer en russe, ensuite en ukrainien aussi, avec les locaux, sans avoir à passer par des interprètes.
L’Inalco m’a permis de réaliser mon rêve, Merci !
Et aujourd'hui quel est votre lien à l'Inalco ?
J’ai appris que des groupes se lançaient partout dans le monde pour permettre aux anciens élèves de conserver un lien et de se retrouver. Je suis volontaire pour lancer un groupe à Kiev !
Et j’aimerais aussi pouvoir accueillir des étudiants de l’Inalco qui ont envie de faire une immersion en Ukraine pendant quelques mois et pour qui trouver ce genre d’expérience de vie n’est pas facile. Nous pouvons en accueillir à l’école en leur permettant de venir enseigner une discipline non linguistique (3 mois à 1 an, possible aussi pendant l’été), par exemple le théâtre, un sport, les TICE ou la photo, en étant nourri, logé et indemnisé.
Donc étudiants de l’Inalco, consultez l’offre et n’hésitez pas à me contacter si cela vous intéresse !
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