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Il était une fois… l’AAÉALO - L’argent de la solidarité : finances et mécénat pendant la guerre

Vie de l'association

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01/12/2025

Paul Boyer et les élèves du cours de russe dans la cour du 2 rue de Lille, c.1920 © Collections Inalco‎


Une association sous contrainte, mais pas sans ressources

La guerre bouleverse tout : dispersion des membres, réunions à effectif réduit, restrictions administratives. Pourtant, l’AAÉALO ne sombre pas dans la paralysie. Une des clés de sa survie réside dans sa capacité à mobiliser des ressources financières, parfois considérables pour une structure de cette taille.


Le rôle décisif de Paul Boyer

Président d’honneur et véritable pilier de l'association, Paul Boyer, ancien administrateur, à la retraite depuis 1937, ne se contente pas d’assurer le lien moral entre les membres : il s’impose comme un collecteur infatigable de cotisations et de dons

1943 06 29 - Réunion du CA.pdf

En 1943, il entreprend une campagne personnelle auprès des anciens élèves, allant jusqu’à régler de sa poche la correspondance. Résultat : de nombreux adhérents régularisent leurs arriérés et plus de 50 nouvelles adhésions ou réadhésions sont enregistrées, venant de particuliers comme d'institutions, dont l’Institut d’études slaves et l’Institut des hautes études chinoises comme membres fondateurs. Son dévouement personnel et son réseau de relations, sont la clé de la survie et du succès de l’Association malgré l’Occupation.

En décembre 1944, l’Association compte 418 membres cotisants (contre 208 avant la guerre) : une progression impressionnante en pleine occupation.


Des finances sauvegardées malgré la guerre

Les procès-verbaux montrent une santé financière remarquable :

  • 117 894 francs disponibles en mars 1944 (banque + chèques postaux).

  • 189 499 francs à la fin de 1944.

Une partie de ces sommes est mise en réserve, conformément aux statuts, mais les marges de manœuvre restent larges.

Ces ressources proviennent de :

  • cotisations (ordinaires ou rachetées en une fois),

  • souscriptions de membres fondateurs et donateurs,

  • subventions accordées par diverses institutions.


Des mécènes institutionnels

L’AAÉALO bénéficie de soutiens prestigieux :

  • Le ministère des Colonies (subvention de 35 000 francs en 1944),
  • La Banque de Syrie et du Liban (10 000 francs, pour soutenir l’impression du dictionnaire arabe-français de Mgr Feghali),

  • Le Secours national, organisme de Vichy, qui accorde en 1944 une aide de 20 000 francs spécifiquement destinée aux bourses.

Ces aides, loin d’être symboliques, permettent à l’Association de distribuer chaque année plusieurs dizaines de milliers de francs sous forme de bourses, de secours, de prêts d’honneur et de subventions.


AAEALO - Réunion du CA du 01 mars 1944.pdf


L’argent au service de l’entraide

Ces sommes ne restent pas dormantes. Elles se traduisent en aides concrètes :

  • Bourses d’études pour des élèves en chinois, abyssin, arabe, russe, bulgare, siamois, finnois…
  • Secours à des anciennes élèves en grande difficulté (Plemiannikov, Stefanovitch, Wou, Chernot-Thuillier).
  • Crédits pour les prisonniers (envois de livres, allocations).
  • Soutien aux enseignants et collaborateurs de l’École.
  • Création d’un prix annuel de 6 000 francs, attribué pour la première fois en 1944 à l’ethnologue, linguiste polyglotte et botaniste André-Georges Haudricourt.







Une leçon de résilience financière

L’exemple de l’AAÉALO montre qu’une petite association d’anciens élèves, même sous l’Occupation, peut arriver à mobiliser des réseaux, fidéliser ses membres et obtenir des appuis institutionnels. L’argent, ici, n’est pas une fin en soi, mais un instrument au service de la solidarité.

C’est cette résilience financière qui permet à l’Association de rester vivante, de distribuer plus de 100 000 francs d’aides entre 1938 et 1942, puis de franchir la Libération avec des finances suffisamment solides pour préparer sa renaissance.


📌 Note éditoriale : Notre prochain article (janvier 2026) portera sur la période 1944–1945 : comment l’AAÉALO, au sortir de la guerre, se réorganise, commémore ses morts et prépare une nouvelle vie associative.


➡️ Voir le portrait plus détaillé de Paul Boyer ici

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