Entretien avec Lucie Gianola, ancienne élève de l’Inalco - partie 1
Ancienne élève de l’Inalco (Japonais, Traitement automatique des langues), Lucie Gianola travaille actuellement sur une thèse en partenariat avec le centre de recherche AGORA de la faculté de Cergy-Pontoise et le pôle judiciaire de la Gendarmerie nationale.
Comment avez-vous connu l’Inalco ?
J’ai commencé à étudier le japonais au lycée. J’ai toujours aimé les langues et parmi toutes celles que j’étudiais, c’est réellement le japonais que j’avais envie de poursuivre après l’obtention de mon Bac. Et l’Inalco s’est présenté comme le meilleur endroit pour le faire. Si je n’avais pas continué l’étude du japonais, j’aurais sûrement continué du côté de l’anglais.
Quel a été votre parcours à l’Inalco ?
J’ai fait LLCE Japonais. C’était si difficile et intense que je ne pensais pas valider ma troisième année ! Je n’avais donc pas sérieusement envisagé mon orientation après la Licence. Mais quand j’ai eu la bonne surprise de l’obtenir au mois de juin, je me suis renseignée sur les filières professionnelles de l’Inalco. J’ai donc choisi le master professionnel TAL car les débouchés m’ont paru très intéressants. J’ai été prise dans l’ambiance et les cours m’ont plu. En deuxième année de master, j’ai poursuivi dans le parcours ingénierie multilingue.
Qu’est-ce-que l’ingénierie multilingue ?
C’est tout ce qui concerne les techniques informatiques appliquées aux langues. C’est un domaine très vaste. Pour les applications les plus connues du grand public, c’est ce qui touche la traduction automatique sur les téléphones ou la correction orthographique mais aussi les moteurs de recherche. Les grands enjeux du TAL sont aujourd’hui le machine learning et les big data textuelles. J’ai donc dû suivre par exemple des cours d’informatique, de code, de logique formelle et de théorie des ensembles. Tous étaient exigeants mais cela en valait la peine. En deux ans, j’ai appris un métier.
Pour vous, quel est l’avantage d’avoir étudié à l’Inalco ?
L’atout essentiel de la formation TAL à l’Inalco c’est notre maitrise des langues rares. J’ai d’ailleurs des camarades qui ont étudié le khmer ou le birman et ce sont des langues qui n’ont pas de police informatique ! Rien que d’écrire ces langues sur un ordinateur, c’est compliqué. En termes de développement informatique, ce sont ces étudiants qui vont pouvoir faire avancer les choses de par leur double compétence développée au sein de l’Inalco.
C’est donc un double regard que vous avez sur les langues et sur l’informatique ?
En effet, dans ce secteur, j’ai été confrontée à des personnes qui viennent de formation purement informatique et qui ont une approche de la langue très matheuse. Ainsi, lors de mon stage en master 2 dans un laboratoire à Orsay, j’aimais me positionner avec ce côté linguiste en mettant des gardes fous contre des partis pris trop informatiques. Car l’Inalco m’a appris à toujours considérer la langue dans sa globalité. Il faut la prendre en compte pour faire correctement son travail.
Mon directeur de stage de l’époque m’a d’ailleurs dit que la force de notre profil à l’Inalco c’est notre capacité à comprendre le coté linguiste et le coté informatique. Nous sommes formés sur cette double expertise.
Aviez-vous des cours préférés à l’Inalco ?
En japonais, les cours de littérature de Madame Anne Bayard-Sakai, les cours d’histoire des religions de Monsieur François Macé et les cours d’ethnologie de Monsieur Jean-Michel Butel m’ont vraiment marqué. Ces enseignements étaient difficiles et pointus mais tellement enrichissants. Cela m’a formé dans ma façon de voir le monde pour me préserver d’un certain ethnocentrisme.
Et en TAL ?
Ce que j’ai aimé en TAL c’est le fait de reprendre des cours plus « formels ». Les cours de Monsieur Michel Fanton, professeur de logique, m’ont beaucoup plu alors qu’à la base j’ai un profil littéraire. La programmation également m’a permis de retrouver un univers concret. De voir rapidement le résultat de mes efforts, ce qui était en japonais un processus un peu plus lent... Les cours de théories des ensembles de Claude Delvigna font partie aussi des cours qui m’ont le plus marqué. Ce qui est vraiment intéressant en TAL c’est d’appliquer des théories linguistiques et sémantiques à des aspects très concrets au développement informatique.
Quel est votre meilleur souvenir de l’Inalco ?
Je pense que c’est ma soutenance de mémoire à la fin de ma deuxième année de master. Mon travail a reçu un très bon accueil de la part du jury. Mes efforts ont été reconnus et j’en garde une grande fierté.
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