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Portrait d'alumni : Benoît Guidée, consul général de France à Shanghai

Parcours d'alumni

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28/01/2021

Photo : Benoît Guidée (à droite), consul général de France à Shanghai, aux côtés de Laurent Bili (à gauche), ambassadeur de France en Chine.


Propos recueillis par Margot de Lasteyrie, membre du Conseil d’administration de l'Association des anciens élèves et amis des Langues O' (AAÉALO).



Pourquoi avoir choisi l'Inalco pour vos études ?

J’ai choisi d’étudier le chinois sur un coup de tête ! A l’époque je n’avais aucun plan de carrière et étudier la langue d’un pays aussi lointain et fascinant que la Chine représentait pour moi un véritable défi intellectuel. D’ailleurs, je n’avais aucune connaissance préalable de la Chine et ai étudié cette langue ainsi que le vietnamien par pure curiosité intellectuelle.



Quel cursus avez-vous suivi à l'Inalco ? 

En complément de mes études à l’IEP de Paris, j’ai suivi une licence de langue et civilisation chinoise avec une mention FLE. Je m’étais également inscrit en vietnamien, mais avais rapidement arrêté au vu de l’investissement nécessaire pour apprendre le chinois ! 



Quel a été votre parcours après l'Inalco ? 

J’ai débuté ma carrière au Vietnam comme coopérant, en tant que professeur de français de 1995 à 2000. Puis j’ai passé le concours du cadre d’Orient avec comme langues le vietnamien et le chinois, ce qui m’a permis d’obtenir un poste au sein de la Direction Asie du Quai d'Orsay.

Fin 2002, au moment où la Chine entrait dans l’OMC, j’ai rejoint la Chancellerie de l’Ambassade de France à Pékin, où j’ai travaillé notamment sur la politique intérieure et les droits de l’homme. Ce furent deux années vraiment passionnantes.

J’ai ensuite fait un détour loin de l’Asie, à la Direction des Nations unies du quai d’Orsay puis à la représentation permanente de la France à l’ONU, à New York. Cette période loin de l’Asie a été riche d’ouverture et de mise en perspective. Elle m’a permis d’appréhender de nouveaux angles et de mieux cerner ce qui était spécifique à la Chine. J’ai toujours pensé que la Chine ne devait pas être laissée aux seuls « experts Chine ». A l’inverse, il me semble pertinent que des experts d’un pays aussi important évoluent dans des institutions internationales.

Retour vers l’Asie en 2010 en tant que conseiller culturel au Japon pendant un an, avant d’occuper le poste de sous-directeur d’Extrême Orient à la Direction Asie du quai d’Orsay, puis de conseiller Asie, Amériques au cabinet du ministre des affaires étrangères, Laurent Fabius. J’ai ensuite été en 2015 nommé Directeur du bureau français de Taipei, fonction exercée pendant quatre ans, avant de devenir Consul Général à Shanghai en 2019.



Pouvez-vous présenter brièvement votre fonction et les qualités essentielles pour devenir Consul ?

Le métier de diplomate offre une palette de métiers très riches, qui comportent toujours deux dimensions fondamentales : l’influence de la France et la promotion des intérêts français.

Le Consulat Général de Shanghai, c’est deux missions essentielles, d’une part les tâches consulaires au sens strict – c’est-à-dire les services à la communauté française (10 000 personnes environ) et la délivrance de visas de manière sécurisée (200 000 visas par an en année normale) –  et, d’autre part, la diplomatie d’influence, c’est-à-dire la diplomatie économique, éducative, scientifique et culturelle ainsi que les échanges politiques. Cette action est conduite sous la direction de l’Ambassadeur de France en Chine.

Plus grande mégalopole de Chine, Shanghai émerge de plus en plus comme la capitale économique de l’Asie orientale. Elle s’appuie sur une région, le delta du Yangzi, dont le PIB est équivalent au PIB de l’Inde. Elle abrite aussi la communauté française la plus importante de Chine continentale et la plus grande concentration d’entreprises françaises.

En ce qui concerne les qualités essentielles pour devenir un diplomate, je dirais la capacité d’adaptation, l’empathie, la disponibilité, ainsi que la volonté d’innover. Savoir s’adapter à toutes les situations, et notamment gérer des questions complexes d’accompagnement d’implantation en Chine, comme par exemple celle du centre Pompidou à Shanghai. L’empathie, essentielle pour permettre de comprendre un pays et d’« aller vers » ce pays. Une disponibilité totale en tant que personnage public. La volonté d’innover me parait également essentielle dans ce métier, en particulier dans un pays comme la Chine !



Cette année a été riche en Chine sur le plan diplomatique (40ème anniversaire du Consulat général de France à Shanghai, etc.). Pour vous, quel fait a été le plus marquant ?

Evidemment, je pense à l’épidémie de la covid-19. Cette épidémie nous a tous appris à remettre en cause en permanence nos certitudes. En début d’épidémie, Shanghai ressemblait à une ville morte, mais elle a su rebondir plus vite que prévu et retrouver une dynamique très forte. Plusieurs étapes ont rythmé pour le consulat ce « retour à la vie ». Ainsi, la réouverture du lycée français a constitué un vrai temps fort pour la communauté française. De même, en septembre, l’exposition du tableau légendaire « Impression, soleil Levant » de Monet dans un grand musée de Shanghai, a eu une portée hautement symbolique. C’est un message d’espoir et de renouveau que nous avons souhaité envoyer pendant l’épidémie par une série d’actions dans tous les domaines, culturel, éducatif, économique etc.

D’autre part, à l’occasion du quarantième anniversaire du Consulat Général de France en Chine, et du centenaire de la Villa Basset, qui abrite la résidence du consul général, nous avons à cœur de célébrer la relation unique de Shanghai avec la France et de porter des projets d’avenir comme la première semaine du design français ou la première organisation d’un pavillon France à la foire d’Art contemporain de Shanghai.



Que vous ont apporté vos études à l'Inalco dans votre parcours professionnel et/ou vie personnelle ?

Mes études à l’Inalco ont tout simplement changé… ma vie ! J’ai découvert une culture qui résonne en moi, un pays qui me stimule intellectuellement et me donne envie d’aller plus loin. Elles m’ont aussi porté naturellement vers ma carrière de diplomate.



Un bon souvenir à l'Inalco ? 

Deux cours en particulier m’ont laissé de très bons souvenirs, celui des cours de philosophie chinoise d’Anne Cheng, professeur que je continue de suivre d’ailleurs à travers ses podcasts du collège de France, et le cours de chinois classique de Jacques Pimpaneau, professeur très exigeant mais qui savait mieux que nul autre rendre les textes classiques abordables.



Aujourd'hui, quel est votre lien à l'Inalco ? 

A vrai dire, aujourd’hui, trop peu ! 

J’ai eu l’opportunité d’y donner des cours de vietnamien économique il y a quelques années. Et, à propos des cours, je dois dire que j’envie les étudiants actuels qui ont la chance de tous étudier dans un même lieu dans des amphithéâtres rénovés. Je salue au passage Jean François Huchet qui développe notre école et renforce les synergies dans les différentes filières et langues.

Je serais très heureux de renouer avec cette belle institution et pense organiser prochainement un événement avec les anciens de Langues O' à Shanghai !


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