Portrait d'alumni : Hugues Ogier, Diplomate Américain à la retraite
Hugues Ogier a étudié le japonais et le coréen à l'Inalco. Aujourd'hui diplomate américain à la retraite, il nous raconte son parcours et revient sur ses années à l'Inalco.
Pourquoi avoir choisi l'Inalco pour vos études ?
Pour moi, c’était le choix naturel. J’adorais les langues et j’avais fait un peu de japonais en Polynésie dans les années 70 avec un prof particulier (ancien espion français à la retraite…). Cette école jouissait d’un statut un peu mythique dans notre famille. J’ai donc choisi de continuer avec les langues à Langues O’ après mon bac C.
Quel cursus avez-vous suivi à l'Inalco ?
J’ai commencé avec le japonais la première année, et j’ai ensuite ajouté le coréen l’année suivante. C’était le tout début des années 80 et ces pays n’attiraient pas encore autant qu’ils attirent maintenant. J’ai eu mon DULCO de japonais, ai commencé ma licence de japonais et l’ai obtenue l’année où j’ai aussi obtenu mon DULCO de coréen. Je me suis ensuite inscrit à un DREA de l’Asie Orientale Contemporaine et ai suivi la préparation au concours d’Orient du Professeur François Joyaux (je le trouvais super et j’étais passionné par les relations internationales). J’ai été choisi par le gouvernement japonais pour aller étudier à l’université de Tokyo (merci en passant aux professeurs Origas et Kitayama). A Todai, j’ai complété mes recherches pour ma maitrise de DREA et je l’ai soutenue en 1988 à la fin de mon premier séjour japonais.
Quel a été votre parcours après l'Inalco ?
Juste après ma bourse, j’ai dû faire mon service militaire; j’ai eu de la chance de rencontrer un homme d’affaires français qui m'a pris sous son aile (merci Pierre Martin) et m'a permis de faire ma coopération à Tokyo dans son entreprise. A l’époque, il n’était pas facile pour les étudiants des Langues O’ sans réseau ou piston de dénicher un boulot en ambassade ou dans les grandes entreprises… Puis j’ai rencontré une américaine d’origine japonaise de Hawaï et ma vie a complètement changé de direction. Je suis parti à Berkeley faire un MBA et ai déménagé à Honolulu. Quelques années plus tard, j’ai pris la nationalité américaine et après quelques années excitantes dans le secteur privé à Maui, j’ai passé le concours des affaires étrangères américain.
Dans quel domaine évoluez-vous aujourd'hui ?
Je viens de prendre ma retraite après une carrière dans la diplomatie passionnante. J’ai beaucoup utilisé mon japonais, un peu mon coréen et bien sûr mon français… Je profite de la pandémie pour apprendre à découvrir la Belgique — et j’espère bientôt le reste de l’Europe — avec ma grosse moto japonaise. Je pense reprendre bientôt une activité professionnelle dans le secteur des affaires internationales, si je trouve quelque chose de sympa. Si vous cherchez quelqu’un je suis sur LinkedIn !
Que vous ont apporté vos études à l'Inalco dans votre parcours professionnel et/ou vie personnelle ?
J’étais un passionné de japonais ! Je suis devenu un passionné du Japon. Ça s’est vu clairement quand j’étais en poste à Sapporo puis à Tokyo. Mes interlocuteurs japonais le sentaient tous très rapidement, que ce soit les fermiers d'Hokkaido qui écoutaient mes discours en japonais plein d’humour dans les cérémonies officielles, ou les officiels japonais avec qui je parlais de politique régionale ou chantais en karaoke. Mes profs des Langues O' ont nourri cette passion et m'ont encouragé et je leur suis vraiment reconnaissant. Mon prof de japonais préféré m'a d’ailleurs dit, lors de notre dernière discussion dans les couloirs de Dauphine, qu’il savait que je ne reviendrais plus…
Un bon souvenir à l'Inalco ?
J’ai bien sûr plus d’un souvenir plaisant des Langues O’. Je suis fier de la relation que j’avais avec les profs. Je crois que pendant deux ans (ou n’était-ce qu’un an ?), j’ai été représentant élu des étudiants auprès de l’administration. Nous avions fait grève avec les profs pour essayer d’obtenir plus de moyens du gouvernement et de réunir toutes les langues sur un même campus. Nous avions même été manifester à la Sorbonne… . Je suis content de voir que ça ai fini par se faire. Une autre anecdote, si vous me le permettez, en DREA j’avais fait une analyse de "la situation en Asie du Nord-Est dans les années trente à travers Tintin et le Lotus Bleu". François Joyaux m’avait donné une très bonne note. J’ai vu avec plaisir que beaucoup ont fait le même travail plus tard pour des magazines ou des livres. En résumé j’étais bien aux Langues O’, et j’ai beaucoup appris.
Aujourd'hui, quel est votre lien à l'Inalco ?
J’aurais tant aimé qu’il soit plus robuste, ce lien. Ayant tellement bougé dans le monde, je n’ai jamais vraiment pu le maintenir. Mais j’ai pris un très grand plaisir à devenir ami avec le conseiller politique français et l’ambassadeur de France dans le pays de mon dernier poste. Tous deux étaient anciens des Langues O’.
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